hideur

hideur

hideur [ 'idɶr ] n. f.
hisdeur XIIe; rare XVIe-XIXe; de l'a. fr. hisde « horreur, peur », probablt d'o. germ.
1Qualité, état de ce qui est hideux; laideur extrême. « Elle ne se rendait pas compte de la hideur des meubles » (Aragon). La hideur d'un visage.
(Abstrait) Hideur morale. Hideur d'une action, d'un crime. abjection, bassesse.
2Chose hideuse. « voué, par nature, à l'observation des hideurs sociales » (Bloy).
⊗ CONTR. Beauté.

HIDEUR, subst. fém.
Littéraire
A. — Caractère de ce qui est hideux à voir; p. méton., laideur repoussante. Synon. horreur, monstruosité. Hideur d'un visage. Je fus violemment saisi par la hideur de cet homme! (...) Comme cette épouvante m'avait glacé (cré nom de d... qu'il est laid!...) (FLAUB., Corresp., 1874, p. 114). De grosses dames impudiques se plient dans la pâleur des tangos (...). Un carnaval de hideurs, de défaites physiques (ARAGON, Beaux quart., 1936, p. 192).La lèpre se manifestait dans toute sa hideur (GROUSSET, Croisades, 1939, p. 219).
P. ext. Caractère de ce qui choque le bon goût; de ce qui est particulièrement inesthétique et/ou disgracieux. Hideur d'un décor, d'un tableau. Claudel, qui fut élève-consul à New-York, m'en a dit bien souvent la hideur et le vilain coloris (MORAND, New-York, 1930, p. 38).
B. — Au fig. Caractère de ce qui est moralement hideux; p. méton., laideur morale. Synon. abjection, ignominie, infamie. Hideur morale; hideur d'un crime, du mensonge, du monde, du péché. La hideur de ma lâcheté du matin aurait dû m'être une obsession (BOURGET, Actes suivent, 1926, p. 20). C'est la vie, avec toutes ses hideurs, ses tristesses, avec ses luttes, ses meurtres et ses écroulements (DUHAMEL, Maîtres, 1937, p. 190) :
Pendant cette conversation sur les différentes morts, senti à nouveau, avec une vivacité que je n'avais pas retrouvée depuis le champ de bataille, l'horreur, la pitié que c'est de mourir. Je me suis retrouvé face à face avec la hideur de la guerre.
RIVIÈRE, Corresp. [avec Alain-Fournier], 1905-14, p. 385.
Rem. Ac. 1935 atteste l'usage de hideur considéré comme vieilli par DG et LITTRÉ.
Prononc. et Orth. : [] init. asp. Att. ds Ac. 1935. Étymol. et Hist. 1. 1re moitié XIIe s. hisdur « effroi, horreur » (Psautier Cambridge, 65, 9 ds T.-L.); 2. ca 1210 hidor « laideur extrême » (R. DE HOUDENC, Méraugis, 227, ibid.); 3. ca 1393 hideur « chose horrible, chose hideuse » (J. D'ARRAS, Mélusine, éd. L. Stouff, 224). Dér. en -eur1 de l'a. fr. hisde « horreur, frayeur » (1174-77, Renart, éd. M. Roques, 5750b), d'orig. très discutée. D'apr. DIEZ5, 615 ce mot viendrait de hysdos (v. hideux), lequel représenterait le lat. hispidosus (attesté chez Catulle), dér. de hispidus « hérissé ». Parmi les différentes propositions qui tendent à démontrer une orig. germ., celle de V. Günther reprise ds BL.-W.5, s.v. hideur est peut-être la plus convaincante : hisde serait empr. de l'a. h. all. egisida « horreur » (devenu eiisde lors de son introd. en gallo-rom.), dér. du verbe egisôn « effrayer ». Dans ces 2 hyp. (lat. ou germ.), le h- initial aurait une valeur expressive. Fréq. abs. littér. : 80.

hideur ['idœʀ] n. f.
ÉTYM. V. 1240, « effroi »; hisdur, déb. XIIe; de l'anc. franç. hisde « horreur, peur ». → Hideux. REM. L'Académie (huitième éd., 1935) a consacré le retour en usage de ce mot, rare après le XVIe, donné comme vieilli par Hatzfeld (fin XIXe) et qualifié d'« ancien mot fort nécessaire » par Littré (1866).
1 (V. 1210, hidor). || La hideur. Qualité, état de ce qui est hideux; laideur extrême. || La hideur d'un spectacle, d'un tableau, d'un logis misérable. || La hideur d'un visage. Horreur. || Être d'une effroyable hideur.
1 (…) cette hideur effroyable avec laquelle la nature l'a fait naître (le lion) dans les déserts.
Malherbe, Épîtres de Sénèque, XLI, 2.
2 Chaque jour, malgré la hideur du pays, je m'imposais d'énormes promenades. Suis-je injuste en disant : hideur ? Peut-être; mais j'avais pris la Suisse en horreur (…)
Gide, Si le grain ne meurt, II, II.
3 Elle ne se rendait pas compte de la hideur des meubles, et de tout ce qui faisait, banal, souffrir son visiteur dans ce décor sans goût (…)
Aragon, les Beaux Quartiers, II, IV.
(Abstrait). || La hideur morale de qqn. || La hideur d'une action, d'un crime. Abjection, bassesse, monstruosité.
2 (V. 1393). || Une, des hideurs. Chose hideuse.
4 Marchenoir, voué, par nature, à l'observation des hideurs sociales, n'avait jamais pu se remettre de l'ahurissement que lui avait causé le premier aspect de cet individu, qu'il avait pu rêver dégoûtant, mais non pas de ce genre ni de ce degré de dégoûtation.
Léon Bloy, le Désespéré, p. 203.
CONTR. Beauté.

Encyclopédie Universelle. 2012.

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